En mars 1939, à l'avènement du nazisme, il se réfugie à Paris, où c'est la rencontre avec Jacques Prévert et Jean Renoir qui lui permettra d'abord de survivre, puis de commencer une carrière dans la chanson avec J. Prévert, et dans le cinéma avec J. Renoir, dont il sera le collaborateur pour dix films, notamment "La Grande illusion" et "Une Partie de Campagne".
Pendant la guerre, dans la clandestinité, il écrira la musique des "Enfants du Paradis". Après la libération, en 1945, il compose le ballet "Le rendez-vous" argument de J. Prévert, chorégraphie de Roland Petit, où se trouve un thème qui deviendra celui des "Feuilles mortes", "La pantomime Baptiste", complétée des "Enfants du Paradis", jouée par Jean-Louis Barrault au Théâtre de l'Odéon; le ballet "L'Ecuyère" (Yvette Chauviré), l'Oratorio "Les Ponts de Paris" ou "Encore une fois sur le fleuve" poème de J. Prévert, des cantates, la fameuse chanson "Si tu t'imagines" sur des paroles de Raymond Queneau écrite pour Juliette Gréco, de nombreuses et belles musiques de films dont "Juliette ou la clef des songes" de Marcel Carné, prix de la meilleure partition au festival de Cannes l951, l'Opéra "Les Canuts", créé à Berlin en 1959, création à l'opéra de Lyon en 1964 dans une des plus belles mises en scènes de Louis Erlo, des pièces symphoniques, de la musique de chambre et sa dernière œuvre "Les Hussards", qu'il n'entendra, ni ne verra, la mort l'ayant frappé le 7 août 1969, le jour même où il avait mis le point final à cet opéra qui sera créé à Lyon en octobre de la même année pour l'inauguration de "L 'opéra nouveau ".
Il écrit, dans un style inimitable, des chansons de grande qualité, et tous ses ouvrages portent la marque d'un authentique créateur au langage très personnel.
Pour moi, ses meilleures créations sont celles qu'il a réalisées avec Jacques Prévert dans la chanson, le ballet, la cantate et les musiques de films, ou les créations avec d'autres auteurs à cette même époque.
Madame Janine Enoch, éditeur et amie de Joseph Kosma m'a dit un jour : "Prévert, c'était son monde, son univers, dont il n'aurait jamais dû sortir"; malheureusement "La vie (qui) sépare ceux qui s'aiment" l'a séparé de Prévert en 1951 ; comme la même année de son épouse Lilli, grande musicienne dont l'influence sur son art fut primordiale, et à laquelle ses chansons doivent beaucoup.
Après 1951, le parcours de Kosma comme celui de Prévert ne fut plus le même, comme si les rencontres essentielles ne se font qu'un fois.
La musique de Joseph Kosma, dans ses meilleurs aspects, est une musique ouverte sur la vie, enthousiaste et en même temps secrète, avec une fêlure profonde, une nostalgie du paradis, peut-être ?
Gérard Pellier
Une "note" encore : Joseph Kosma a voulu la musique de ses chansons "atemporelle" et c'est bien, jointe au talent de Jacques Prévert, ce pourquoi elles durent.
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